Inquiétudes pour le site allemand

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Par Cécile Calla

Publié le - Mis à jour le

Les trois partis de la coalition se sont mis d’accord sur un plan en dix points pour plus de croissance.

 

Inquiétudes pour le site allemand

 

« Économie en chute libre », « coup de pied dans l’estomac », « nouvelle claque conjoncturelle »: Les métaphores des experts et responsables politiques outre-Rhin trahissent la peur du décrochage de la première économie de la zone euro. Plus les semaines passent et plus les signes d’une véritable récession se confirment pour la machine économique allemande. Le Fonds monétaire international (FMI) anticipe désormais une récession (– 0,3 %) en 2023, et place l’Allemagne dernière du classement des grandes économies, derrière les Etats-Unis, l’Italie et la France. En cause, l’inflation toujours élevée (6,2 % en juillet, contre 5,3 % en zone euro), qui pèse sur la consommation. La production industrielle est en repli et la construction en chute libre, sous l’effet de la hausse des taux d’intérêt et de la cherté des matières premières.

Vulnérabilité du modèle allemand

L’indice IFO qui mesure le climat des affaires a continué à reculer en août pour la quatrième fois consécutive. Les experts sont d’autant plus inquiets que cette stagnation n’est pas juste le fruit d’un revers conjoncturel mais reflète la vulnérabilité du modèle allemand. L’Allemagne souffre de sa dépendance au commerce extérieur, – ses échanges commerciaux avec la Chine ont continué de s’intensifier malgré les annonces de changements de cap depuis le début de la guerre en Ukraine-, d’un grave déficit d’investissements dans ses infrastructures et d’une forte pénurie de main d’oeuvre qualifiée. La guerre en Ukraine a révélé au grand jour ces problèmes structurels et provoqué une hausse de l’inflation en raison de l’explosion des prix de l’énergie. L’industrie allemande très consommatrice en énergie a été touchée de plein fouet. Aussi ses représentants réclament une baisse des impôts et des charges, particulièrement celles concernant l’énergie, et un allègement des procédures administratives. « La réduction des coûts de l’énergie à grande échelle, et en particulier pour les entreprises à forte consommation d’énergie dont la compétitivité internationale est particulièrement menacée, est décisive pour l’Allemagne – l’industrie à forte consommation d’énergie risque sinon de quitter le pays »  a averti le 17 août dernier Tanja Gönner, directrice de la fédération allemande de l’industrie (BDI).

Pas la lanterne rouge de l’Europe

De là à qualifier l’Allemagne de lanterne rouge de l’Europe comme ce fut le cas au début des années 2000, il y a un pas que tous les experts ne souhaitent pas franchir. Si l’on compare le pays avec la situation d’il y a vingt ans, il reste dans une position bien plus favorable. Le chômage reste bas, les finances publiques encadrées par le mécanisme constitutionnel du frein à l’endettement, sont bien plus saines. Mais la nécessité de conduire des réformes ne fait pas de doute. Face à ces défis, la coalition gouvernementale composée des partis SPD, Verts et Libéraux peine à réagir. A l’issue d’un séminaire gouvernemental à Meseberg le 30 août, les trois partis au pouvoir sont néanmoins parvenus à s’accorder sur une série de mesures pour soutenir la croissance. Parmi les principales propositions : doper les investissements dans les technologies vertes, réduction de la charge fiscale des entreprises et simplification des procédures administratives, accélération de la transformation numérique.

 

« L’industrie à forte consommation d’énergie risque d’être délaissée. »