Laboratoire de la souveraineté européenne

Avec 8 projets d’investissement majeurs sur son territoire (dont les 2 Mds € de Microsoft dans l’agglomération mulhousienne et deux projets de groupes allemands : EnBW et Hager) lors du dernier Sommet Choose France 2024 qui s’est tenu le 13 mai à Versailles, le Grand Est pointe en seconde position des régions qui ont accueilli le plus d’investissements (à égalité avec les Hauts-de-France et derrière l’Île-de-France). Ce bon score confirme l’attractivité de la région, laquelle figure à la 9e place dans le Top 10 des régions les plus attractives d’Europe selon le dernier baromètre EY 2024 publié début mai. Avec 119 projets d’investissements étrangers en 2023 (+ 25% par rapport à 2022), le Grand Est est la troisième région française derrière l’Île-de-France (300 projets, – 8 %) et Auvergne Rhône-Alpes (167 projets, + 8 %).

Premier pays pour les investissements allemands

Pour ce qui est de l’attractivité auprès des entreprises allemandes en 2023, le Grand Est confirme sa place de première terre d’accueil des investissements en provenance d’outre-Rhin, avec 18 % des investissements allemands en France, selon la dernière étude de Business France. Avec de très fortes disparités locales : l’Alsace, la Moselle et la Champagne drainent la grande majorité des investissements, à l’inverse des Ardennes, des Vosges et de la Meuse.

De par sa proximité géographique (451km de frontières avec l’Allemagne) et culturelle (du moins pour ses zones frontalières que sont l’Alsace et la Moselle), le Grand Est a toujours été une terre d’accueil historique des entreprises allemandes. Si l’Alsace ou la Moselle comptent le plus grand nombre de sièges France de grands groupes allemands, le modèle vertueux du capitalisme rhénan a très vite rayonné sur l’ensemble du territoire régional dès les prémices de la révolution industrielle. En témoignent les grands noms des mai- sons de champagne qui ont une histoire franco-allemande.

Comme le souligne le Président de Région Franck Leroy, « c’est aussi, le long des frontières, dans ces espaces d’échanges et de circulation que sont les bassins de vie transfrontaliers que se construit l’Europe du quotidien, là où la citoyenneté européenne devient chaque jour une réalité de plus en plus concrète ». En cela, « c’est du Grand Est qu’une grande part de nos partenariats straté- giques franco-allemands pourront être lancés ». L’actualité pourrait lui donner raison si le projet du groupe Bolloré, révélé début mai, de construire une méga-usine de batteries à l’horizon 2030 « à un carrefour logistique entre la France et l’Allemagne » se confirmait dans le Grand Est, avec à la clé 1500 emplois pour un investissement annoncé de l’ordre de 2 milliards d’euros.

Alors que l’Europe cherche la voie de sa souveraineté dans de nombreux domaines stratégiques, le Grand Est apparaît comme un laboratoire pour la souveraineté européenne, ces nouvelles filières en cours de structuration reposant bien souvent sur un socle franco-allemand. Ainsi, vous trouverez dans cette édition inédite de très nombreux témoignages de celles et ceux qui construisent l’avenir européen, en partie dans le Grand Est : hydrogène (projet mosa- HYc), photovoltaïque (HoloSolis), santé (projet 5G-OR), cybersécurité (Eu-Lisa), Intelligence artificielle (Inria & DFKI), énergies renouvelables (Calorie Kehl-Strasbourg).

La force d’une région repose aussi sur ses réseaux et ses infrastructures. Depuis plusieurs décennies, les deux clubs d’affaires franco-allemands transfrontaliers (Saar Lorraine et Strasbourg- Rhin Supérieur) dynamisent les échanges frontaliers. En cahier central, retrouvez les témoignages des directions des deux grands aéroports régionaux : Strasbourg / Entzheim (Renaud Paubelle) et l’Euro- Airport Bâle-Mulhouse (Luc Gaillet), lequel célèbre cette année ses 75 ans. Quant aux ports de Strasbourg et de Kehl, ils coopèrent étroitement. Sans oublier notre enquête sur les groupes allemands qui participent au dynamisme régional et nos reportages sur les 6e Entretiens franco-allemands de Nancy et le salon de l’industrie de Haguenau.

Bonne lecture.

Le Grand Est est comme un laboratoire de la souveraineté européenne. Ces nouvelles filières en construction reposent très souvent sur un socle franco-allemand.