Abonné

“ Le système énergétique européen est le plus performant au monde, le moteur franco-allemand fait ses preuves chaque jour ! ”

Auteur

Par Fabienne Lissak

Publié le - Mis à jour le

Les deux pays poursuivent l’objectif d’un approvisionnement en électricité à faible émission de CO2 : Nucléaire et renouvelables en France, un mix de plus en plus dominé par les énergies renouvelables avec un phasing out progressif du charbon en Allemagne. Si ces approches peuvent sembler différentes à première vue, le DFBEW estime que les deux pays ont en réalité de grandes similitudes en termes de défis et de solutions.
“ Le système énergétique européen est le plus performant au monde, le moteur franco-allemand fait ses preuves chaque jour ! ”

© OFATE
Sven Rösner, Directeur général de l’OFATE

“ Le système énergétique européen est le plus performant au monde, le moteur franco-allemand fait ses preuves chaque jour ! ”

© OFATE
Sarah Jilibert Schabram Directrice adjointe de l’OFATE

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Quel point de situation faites-vous sur le terrain énergétique ?

S.R. En Allemagne, l’électricité représente 20% de la consommation d’énergie nationale, contre 25% en France (cf graphique page 68). Il y a la partie cachée de l’iceberg qui a une origine fossile dans les secteurs de la mobilité et de la chaleur, tant pour les particuliers que pour les entreprises. D’ici 2050, il faut décarboner ces pratiques, substituer l’énergie fossile par une électrification directe ou indirecte (hydrogène).

Paradoxalement, il nous faut beaucoup plus d’électricité et arriver à un niveau de consommation d’énergie primaire moins important. Demain, l’essentiel de l’énergie que nous consommerons sera électrique, car l’électricité est le vecteur le plus efficace de la décarbonation. En fait, l’Allemagne et la France font face à un défi identique dans ce contexte. Hormis le nucléaire, les deux pays ont les mêmes problématiques dans les domaines de la production d’électricité, l’efficacité énergétique, le développement des réseaux électriques, le besoin en flexibilité, le market design, la rémunération, la répartition des coûts, les budgets. Il y a convergence quasi-totale dans ces domaines. Mais il y a eu aussi des points de friction, notamment autour des tarifs d’électricité destinée à l’industrie.

S.J-S. Cet été, le gouvernement avait décidé de geler une augmentation de 1 % des prix de l’électricité pour les ménages et les petites entreprises. Cela a irrité les Allemands qui ont considéré cela comme une distorsion de la réalité mais la question a été désamorcée. Finalement, à partir de 2025, l’électricité d’EDF que pourra consommer l’industrie sera finalement vendue à des tarifs comparables à ceux des marchés.

Les débats sur l’énergie ne sont plus aussi tendus depuis lors. La France a mis l’accent sur le nucléaire et le renouvelable avec d’abord 6 nouveaux réacteurs, puis 8. Cela va servir à conserver la puissance raccordée donc cela n’augmente pas tellement la capacité installée. Or les besoins d’électricité vont sensiblement augmenter. D’ici 2035, il faudra 150 TWh d’électricité en plus selon RTE, soit un tiers de plus que le niveau actuel de consommation. Le premier réacteur ne sera probablement pas livré avant 2035. Il faut donc avoir recours aux énergies renouvelables pour combler l’écart ou importer.

S.R. L’Allemagne vise 80% de renouvelables d’ici 2030 avec une croissance de la consommation de 25%, selon le contrat de la coalition mais la production issue du renouvelable dépend du vent, du soleil, de la météo donc il y aura des phases avec plus ou moins d’électricité sur l’année, la production sera intermittente. En France, la flexibilisation du système électrique est clé ; avec son socle nucléaire important, le besoin en flexibilité va être moindre que celui du système allemand mais le besoin en flexibilité va augmenter significativement dans les deux pays. On peut d’ores et déjà constater une augmentation considérable des prix négatifs en France qui indique que le système peine à trouver un équilibre entre offre et demande. Pour affronter les futurs défis, les deux pays peuvent profiter de leur complémentarité, des nouvelles technologies et règlementations (marché d’hydrogène, de capacité ou de flexibilité, etc).

Vous dites que tous les pays européens ont besoin les uns des autres ?

S.J-S. Les deux pays ont de plus en plus besoin de partenaires en Europe, à la fois dans le cadre de leurs importations et de leurs exportations. Cela s’est vu en 2022 lorsque la moitié des réacteurs du parc français s’est retrouvée à l’arrêt. Beaucoup d’électricité a été importée depuis l’Allemagne et l’Espagne. En contrepartie, du gaz a été livré pour

> ...
La suite est réservée aux abonnés

Abonnez-vous dès maintenant

 

  • Accédez à tous les articles disponibles sur le site en accès illimité !
  • Découvrez les faits marquants de l’actualité à travers nos diverses éditions !
  • Rejoignez la communauté des décideurs franco-allemands bien informés !