Élections allemandes : Le monde des affaires attend un véritable changement

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Par Cécile Calla

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Les représentants de l’économie allemande pressent Friedrich Merz de constituer un nouveau gouvernement capable de prendre rapidement des décisions pour sortir le pays de la crise économique.
Élections allemandes : Le monde des affaires attend un véritable changement

© CDU Vainqueur des élections du 23 février, Friedrich Merz (CDU/CSU) n’exclut plus catégoriquement une réforme du « frein à la dette ».

Soulagement et inquiétude pour l’avenir. Ces deux sentiments entremêlés résument bien l’état d’esprit des milieux économiques en Allemagne au lendemain des élections législatives du 23 février qui ont permis aux unions chrétiennes CDU / CSU de remporter le scrutin avec 28,5 % des suffrages. Ils pourront vraisemblablement former une grande coalition avec les sociaux- démocrates et éviter un gouvernement avec trois partis, ce dernier scénario aurait constitué un bien mauvais présage dans un pays déjà déboussolé. Ce résultat n’en reste pas moins décevant pour les patrons allemands : c’est le deuxième plus mauvais score des conservateurs depuis 1949 et l’AfD, qui a obtenu 20,8 % des suffrages et double son chiffre par rapport à 2021, est l’autre gagnant de cette élection.

Le message des experts et patrons est unanime: Il faut rapidement former un gouvernement, capable de répondre aux immenses défis qui se posent à la première économie de la zone euro. « Le moment est venu d’opérer un changement politique décisif et de mettre en place une véritable transition économique », a réagi la puissante fédération de l’industrie allemande (BDI) à l’issue du scrutin.

Réforme du frein à l’endettement

En proie à une récession économique depuis deux ans, à la peine sur les investissements et en matière d’innovation et sonnée par les profonds revirements géopolitiques, l’Allemagne a un besoin urgent de réformes « pour sécuriser sa base industrielle et libérer les innovations », a souligné le BDI. Son modèle économique tourné vers les exportations et longtemps alimenté par du gaz russe bon marché, la rend très dépendante aux désordres du monde. Elle l’a brutalement éprouvée avec l’invasion de l’Ukraine il y a trois ans et son industrie se trouve désormais soumise à la menace d’une forte hausse des droits de douane venant des Etats-Unis.

Dans son programme, Friedrich Merz, le candidat CD / CSU qui devrait succéder au chancelier social-démocrate Olaf Scholz à l’issue de la formation d’un gouvernement, a proposé un ensemble de réformes censées apporter 2 % de croissance par an au pays. Il prône entre autres, une série de mesures fiscales destinée à alléger la charge pesant sur les contribuables et les entreprises, couplée à une diminution des dépenses sociales.
Il faudra aller plus loin et lancer un ambitieux programme d’investissements pour relancer l’économie du pays et lui permettre de rester un acteur incontournable dans le monde. Pour cela, une réforme du « frein à la dette », dispositif constitutionnel qui limite le recours à l’emprunt pour l’Etat et les Länder, semble indispensable.

De nombreux économistes et une grande partie du monde des affaires se sont prononcés en sa faveur ces derniers mois. Friedrich Merz ne l’a pas exclu, il lui restera à convaincre son parti très attaché à l’orthodoxie budgétaire. Les chrétiens-démocrates ont également relancé durant la campagne la discussion sur l’énergie nucléaire, mais elle ne convainc guère les experts, même ceux proches du patronat. « Un retour à l’énergie nucléaire n’aurait pas de sens », avait expliqué Malte Külper de l’institut IW en novembre dernier.

L’Allemagne a un besoin urgent de réformes « pour sécuriser sa base industrielle et libérer les innovations »